Attaquer la terre et le soleil de Mathieu Belezi
Coucou,
J’ai fini il y a quelques jours Attaquer la terre et le soleil. Un livre de Mathieu Belezi et édité chez le Tripode. Une maison d’édition que j’aime particulièrement, c’est une deux moitiés du Nouvel Attila, que j’ai découvert en 2008 Gog de Papini et qui ont édité Edgar Hilsenrath. Je ne sais pas si je t’avais fait lire Hilsenrath, je pense que oui vu que c’était une de mes marottes il y a une grosse dizaine d’année. Bref, c’est une maison d’édition qui fait de beaux ouvrages et qui éditent des auteurs que j’apprécie la plupart du temps.
Je suis tombé sur ce livre un peu par hasard, il se trouvait en facing dans deux des bibliothèques que je pratique. Et vu que c’était chez Attila, je n’ai pas trop hésité. Mais du coup, je débarquais en livre inconnu (ah ah). Je n’ai même pas lu la quatrième de couverture. Donc, je commence ce livre après avoir regardé l’emmurée vivante, un giallo (tu sais, les films italiens qui mélangent polar et fantastique) de Lucio Fulci qui a quand même réussis à m’inquiéter un peu. Quoi de mieux qu’un petit livre pour se détendre après avoir regardé un film horrifique ? Et bien, en tout cas pas Attaquer la terre et le soleil. On commence le récit par la parole d’une colon française qui part s’installer en Algérie au XIXe siècle contre 7 hectares de terrains. On comprend immédiatement que l’auteur ne nous épargnera pas : l’odeur, la maladie, la mort, tout ceci sera frontal. Et je me dis que ce n’était vraiment pas le livre idéal pour dormir sereinement. Le chapitre suivant nous met dans un nouvel écrit : celui d’un soldat français très fier de combattre des indigènes pour apporter la civilisation à coup de sabre. Et on s’enfonce dans l’horreur. Des décapitations, des viols, des justifications immondes. La violence brute et crue.
Tout le long du livre l’auteur nous fait alterner du récit de la colonisatrice prolétaire à celui du soldat sanguinaire. On montre la sauvagerie de la colonisation, que ce soit contre les algériens comme contre les colons à qui l’état faisait de grandes promesses mais qui ne leur apporte au final que les maladies et la peur. Et le récit est bien amené : la colonisation devient une horreur totale, quelque soit le bout par laquelle on la regarde. Mais quand même, mettre sur un pied presque égal des personnes que l’on massacre parce qu’ils sont nés à un moment à un endroit et des personnes que l’on massacre parce qu’elles profitent des meurtres susmentionnés, ça me parait un peu maladroit.
Je ne sais pas si dois te conseiller sa lecture. Ce livre est d’une grande violence. Et je sais que la violence dans le récit n’est pas une chose que tu apprécies. Même si son discours est utile et matérialiste, la composition à quelque chose qui ne passe pas totalement. Et si le style n’est pas d’une originalité folle : l’écriture à la première personne est bien pratique pour ne pas le travailler plus que ça. On passe d’une écriture simple, légèrement oralisée, à une écriture simple, très oralisé et un peu bourrine. Rien d’extraordinaire, mais sur les quelques 180 pages, on passe outre.
Si tu avais eu envie de lire quelque chose sur la guerre d’Algérie, je t’aurais bien dit de commencé par lire Nedjma de Katheb Yacine ou sa version théâtrale Le Cadavre encerclé. D’ailleurs il me semble que tu as vu une représentation il y a quelques années. Si par contre tu as une envie de récit dur et naturaliste, alors oui, Attaquer la terre et le soleil peut être une bonne idée.
Je te laisse ici.
Prends soins de ceux que l’on aime.
Bisous.